Coupé du monde, loin de tout, « perdu » (ou alors simplement pour la première fois au bon endroit) dans la forêt Amazonienne Péruvienne.
L’endroit se situe dans la Cordillera Escalera à plus de 3 heures de marche (accessible seulement à pied) de la ville de Tarapoto, dans la région de San Martin, au Pérou. L’association se nomme Cerelias. C’est un centre de sauvetage et de libération d’animaux sauvages.
Un rêve
Deux semaines dans la forêt amazonienne, à dormir seul dans une cabane avec comme musique les bruits de la forêt, de la rivière, des animaux et de la pluie. La seule compagnie que j’ai eu la chance d’avoir pendant la nuit fut un serpent qui dormait calmement sous mon lit et un scorpion qui s’est faufilé dans la cabane par l’un des trous du plancher.
Pas d’électricité, pas de douche, mais avec ma frontale et par chance un fleuve (et pas trop froid, le luxe).
Pendant la journée, je vivais tout simplement avec une bande de 30 singes, quelques coatis et tortues et sans oublier mes amis les moustiques qui m’ont accompagné durant ces deux semaines.
Qu’est-ce qui rend cet endroit incroyable ?
Aucune barrière, pas de cage, une seule grande cabane dans laquelle se trouve une cuisine, la nourriture pour les animaux, du matériel médical… l’essentiel pour survivre loin de la ville et prendre soin des animaux.
A Cerelia, les animaux sont libres, et peuvent partir d’eux même à n’importe quel moment s’ils souhaitent vivre par leurs propres moyens.
L’objectif de cet endroit
L’association récupère des animaux maltraités, qui vivaient en cage, dans des cirques, abandonnés ou vendus dès la naissance dans des marchés illégaux. Ici, à Cerelias, on récupère surtout des singes, mais on y trouve également des tortues, des coatis, des sangliers.
Une seule personne s’occupe de tous ces animaux à la fois, il s’appelle Orlando Zagazeta. C’est un Péruvien de 70 ans, Il vit 24h sur 24 dans le centre. Un ranger est présent plusieurs jours dans la semaine afin d’aider Orlando dans les tâches les plus physiques et surveiller qu’il n’y ait pas de chasseur ou autre personne malveillante qui s’approche du lieu et des animaux. Mais en dehors de ça, Orlando est seul à travailler là-bas et à s’occuper de tous les animaux à la fois. C’est pourquoi il a besoin de volontaire pour l’aider dans son quotidien (si tu es intéressé, contacte moi je te donnerai les infos nécessaires).
Pendant mes deux semaines de volontariat, il y avait une trentaine de singes, dont trois races différentes : les capucins, les singes araignées et les singes laineux. Les trois races cohabitent ensemble, jouent, mangent et chassent ensemble. Orlando réalise un travail incroyable au quotidien pour créer cette cohésion entre ces animaux de différentes races.
Il y avait également une famille de coatis, composée 5 membres, et 3 tortues. Récemment, Orlando avait également des sangliers mais ces derniers sont partis afin de retourner vivre à la l’état sauvage.
C’est ça l’objectif du centre, le sauvetage d’animaux en danger puis la libération, lorsque l’animal se sent lui-même prêt.
Sur cette photo on peut apercevoir les trois races de singe. A gauche un singe laineux, sur mon dos un capucin et par terre un singe araignée.
Le déroulement
Lorsqu’Orlando récupère ces singes ou autres animaux, ils ne sont plus capables de chasser, de grimper aux arbres, ils ont perdu leur instinct animal et leur instinct de survie. Ceci est dû à leur trop longue durée en captivité. Certains ont également des blessures ou alors sont très faibles physiquement (un singe araignée de plus de 1 mètre enfermé dans une cage plus petite que sa taille, forcément ça casse le dos…).
Orlando nourrit les animaux, il leur donne un complément alimentaire et le reste de l’alimentation les singes les trouvent d’eux-mêmes dans la forêt : fruits, insectes…
Ces animaux sont libres mais ils restent car ils savent qu’Orlando prend soin d’eux. Petit à petit, ils créent des groupes, avec des hiérarchies, ils apprennent de nouveaux à évoluer dans un environnement sauvage, et lorsqu’ils le souhaitent, les singes partent d’eux même du centre afin de tenter leur chance dans la grande forêt tropicale. Généralement, ils s’en vont en groupe progressivement : ils partent de plus en plus longtemps puis ne reviennent jamais.
Les travaux que j’ai eu à réaliser
Le réveil qui sonne vers 5h30 du matin, le jour commence légèrement à se lever, seul dans ma cabane, je n’ai plus besoin de ma lampe frontale.
La journée commence donc très tôt, je m’habille et sors dehors, direction la grande cabane avec la cuisine. Je dois me lever tôt afin de m’occuper dans un premier temps des trois bébés singes qui restent dans la cabane la nuit. Il faut leur donner le biberon et c’est déjà la bataille afin de répartir le lait équitablement.
Ensuite, je sors saluer les autres animaux et retour dans la cabane pour commencer à cuisiner. Il faut commencer tôt car il y a environ 40 animaux et pas de gaz !
Pendant la journée, une de mes tâches les plus importantes est de sortir l’un des bébés en dehors de la cabane (Dora, une femelle Laineux) afin de l’habituer à l’extérieur : la forêt, les arbres, les plantes, les insectes … mais surtout aux autres singes. Je dois surveiller les autres singes afin de m’assurer qu’ils la prennent sous leurs ailes et qu’ils ne sont pas agressifs avec la petite nouvelle.
Je devais aussi analyser, observer les singes, qui étaient le plus souvent présent et ceux qui partaient le plus longtemps. Les groupes qui pouvaient se créer et si il n’y avait pas des singes mis à part ou blessé. Tous les singes ont un prénom et le reconnaissent quand ils l’entendent.
J’ai aussi aidé Orlando à soigner l’un des singes qui avait une blessure au bras après une morsure. Ce singe était très agressif, c’était donc très délicat de soigner la blessure tous les soirs.
Et l’écologie dans tout ça
L’écologie a un rôle essentiel dans le centre. Avant de se rendre au centre, chaque volontaire doit faire une prise de sang, afin de s’assurer qu’il n’a pas des bactéries. Si c’est le cas, il ne peut pas attaquer le volontariat, il doit avant prendre un médicament durant trois jours. Les animaux présents dans le centre sont sains et leur santé passe avant tout.
Les volontaires doivent également posséder du savon écologique et un anti moustique naturel.
Il n’y a pas d’électricité, on vit avec la lumière du jour, et le soir avec une lampe frontale.
Il n’y a pas de gaz, on cuisine tout au bois.
On boit l’eau de pluie filtrée.
Il n’y a pas d’eau chaude ni même de douche. Les premiers jours, je me douchais durant la nuit avant de retourner à ma cabane. Après, j’allais me doucher dans la rivière durant la journée et les singes m’accompagnaient et jouaient entre eux.
Pas de réseau, pas de téléphone portable, zéro nouvelles pendant deux semaines. Beaucoup de personnes aimeraient faire ça, le problème c’est que dans le monde d’aujourd’hui on est toujours tenté et il est difficile de s’en passer, même un jour. La bas, pas le choix, et entre nous, c’est une délivrance et un bonheur gratuit de passer autant de temps sans téléphone ni technologie.
Ce que je retiens de cette expérience
Cette expérience est l’une des expériences les plus incroyables que j’ai pu vivre jusqu’à maintenant.
C’est mon amour pour les animaux, pour la forêt et la nature et mon envie de faire bouger les mentalités et de faire prendre conscience aux gens l’importance de l’écologie et de la conservation de la faune et de la flore qui m’ont conduit dans cet endroit.
J’ai été époustouflé par l’intelligence des singes, leur capacité à cohabiter ensemble ainsi que la hiérarchie qui s’établit au sein d’un groupe.